"V for Vendetta" de James McTeigue
Note Alexvision : 15 / 20
Un régime totalitaire, un sentiment d'étouffement, idéaux trahis ... Le quotidien d'Evey Hammond ressemblait à celui de tous ces concitoyens en plein Londres du 21ème siècle dans un futur proche. Alors que les Etats-Unis ont disparus, c'est Londres qui est devenu l'une des plaques tournantes de la puissance mondiale. Mais un jour la jeune Evey est agressée puis sauvée par un mystérieux justicier masqué nommé V. Un justicier quelque peu anarchique et rebelle qui va prendre la jeune fille en mains afin de s'en faire une alliée, une amie, une soeur, une amante et une partisante idéologique ... Leur but ? Soulever un pays contre un régime tyrannique et l'occasion pour V de mener à bien sa vendetta personnelle envers ce gouvernement responsable de son "état" actuel.
Le projet était alléchant, le résultat, lui, est très satisfaisant mais non transcendant comme prévu. L'univers du Comics est globalement bien respecté mais l'impact ne frappe pas aussi fort que prévu. Pourquoi ? Tout simplement parce que la trame du film de James McTeigue est un poil décousue, trop bavarde pour un schéma somme toute linéaire : En résumé le scénario (pourtant très bien vu) reste un brin "classique" comparé au but initial désiré mais surtout comparé à l'ampleur d'un tel projet ! C'est à dire dans l'ordre : "Prise de contacts, refus, formation, acceptation, prise de conscience, action, détermination, moralité." Un schéma narratif que l'on comparerait presque à celui qu'emprunte Néo dans la trilogie "Matrix" et consors ... Le scénario aurait gagné à se fourvoyer dans des contrées non explorées car il faut attendre la seconde partie du film et la transformation de Portman pour voir le film réellement décoller même si quelques pics bien vus sont apparus au préalable (notez la scène du talk show TV par exemple…)
A trop se disperser le film perd quelque peu de sa puissance sans trouver un axe critique et subversif comme il le voudrait.
Ceci étant dit le film reste très bon. L'anticipation énoncée fait froid dans le dos car vraiment proche voire déjà encrée dans nos quotidiens politiques et moralistes. Le casting assure sur tous les plans notamment sur la relation basée entre Evey (Natalie Portman parfois larguée mais souvent irréprochable avec son look post Sigourney Weaver d'"Alien 3" ... Prototype de la femme forte, rebelle et tendre à la fois) et le V masqué (Hugo Weaving impérial car capable de se forger une personnalité propre mais aussi une image pour le spectateur alors que masqué pendant toute la durée du film). Un duo qui porte le film au-delà des cimes de l'excellence. Une alchimie de tous les instants qui en impose aisément. La complexité des rapports entre les deux héros est aussi tortueuse qu'impériale et touchante. Le reste de la distribution termine ce merveilleux palmarès avec Stephen Rea et l'exceptionnel John Hurt ("Midnight Express", "1984", "Elephant Man"...)
Question qualités graphiques le film de James McTeigue reste d'une beauté flamboyante même si l'on aurait pu espérer plus de densité, de prise de risques alors qu'il préfère s'attarder sur un aspect claustro qui joue un rôle assez habile au final.
Rayon crew on notera donc la présence des frères Washowski "créateurs de Matrix trilogie et réas de Bound et les dits Matrix" qui ont parfaitement adaptés
Un très bon film d'anticipation donc, qui frustre tout en satisfaisant et surprenant le spectateur ! L'ensemble reste légèrement statique et claustrophobe en privilégiant les discours et idéaux politiques et sociétaires plutôt que l'action bêta ou en rafale (on ne compte qu'une grosse scène d'action et quelques accélérations rapides de batailles en sursaut de temps à autres).
Au final on se dit qu'ils ont bien faits de se concentrer sur cette forme de narration au lieu de céder à la facilité mais l'on reste assez partagé lorsque les lumières se rallument ne sachant pas trop de quel côté se ranger d'un point de vue artistique, scénaristique et personnel.
N'en demeure pas moins un film brillant qui gagnera certainement à être revu et / ou à prendre en âge afin d'être estimé à sa (et méritée) juste valeur.